Celaprovoque parfois des histoires tragiques ! Pour certains enfants et adolescents, la pratique sportive répond à la demande et à la volonté des parents. Selon certains auteurs, le Syndrome de « Réussite par Procuration » serait une variante du syndrome de Münchausen par procuration (mis en évidence par Meadow en 1977).
Certainsdysfonctionnements au sein de la triade parents-enfant illustrent parfois le caractère transgénérationnel du Syndrome de Münchhausen Par Procuration (SMPP).Néanmoins, les enjeux psychiques qui aboutissent à ce type de maltraitance peuvent être élaborés dans un cadre psychothérapique. Dans les cas les plus précoces, des consultations thérapeutiques familiales
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Commentarrêter de vivre dans le passé . Posted on septembre 25, 2021 by admin. Le passé n’est pas un endroit où se garer pour toute une vie. Pourquoi vous regardez en arrière. Où vous restez bloqué. Et comment emballer votre bagage pour être et vivre ici maintenant. Lu Hanessian, MSc. Smart UNSPLASH. Il y a du « déjà vu, déjà fait ». Et il y a «
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Pour les élections des 20 et 27 juin 2021, vous pouvez charger un électeur de voter à votre place soit le 20 juin, soit le 27 juin, soit ces 2 jours. L’électeur choisi votera obligatoirement à votre place pour les 2 élections départementales et régionales. En effet, il n’est pas possible de désigner un électeur pour une seule de ces élections, car elles ont lieu le même jour. A savoir pour les élections des 20 et 27 juin 2021, un électeur peut voter à la place de 2 autres électeurs, si chacun d’entre eux a fait une procuration le désignant. Comment faire la procuration ? Vous pouvez faire cette démarche de 3 façons En ligne, avec le téléservice MaProcuration . Après avoir rempli le formulaire en ligne, vous recevrez une référence d’enregistrement. Vous devrez alors obligatoirement aller en personne à la gendarmerie ou au commissariat. Votre passage y sera toutefois facilité, car vous n’aurez qu’à présenter votre référence et votre pièce d’identité carte d’identité, passeport… . Vous recevrez ensuite un courriel de votre mairie vous informant que votre procuration est bien le formulaire disponible sur internet . Vous devez le remplir et l’imprimer. Ensuite, vous devrez obligatoirement aller en personne à la gendarmerie, au commissariat ou au tribunal. Vous devrez remettre votre formulaire et présenter votre pièce d’identité carte d’identité, passeport… .Avec le formulaire disponible à la gendarmerie, au commissariat, au tribunal. Vous devrez le remplir à la main sur place et présenter en personne votre pièce d’identité carte d’identité, passeport… . A savoir si vous ne pouvez pas vous déplacer en raison d’un handicap ou de votre état de santé, vous pouvez demander qu’un personnel de police se déplace à son domicile ou dans un établissement, notamment un Ehpad pour faire la procuration. Vous devez faire cette demande par écrit et y joindre un certificat médical ou un justificatif de l’invalidité exemple carte d’invalidité portant la mention Besoin d’accompagnement ». Une réforme est en cours pour simplifier cette démarche. Une seule attestation sur l’honneur pourrait suffire. Le texte est en cours d’adoption par le Parlement. Et si j’ai déjà fait une procuration pour les 13 et 20 juin ? Les élections avaient été initialement prévues les 13 et 20 juin 2021, avant d’être reportées aux 20 et 27 juin 2021. Si vous avez déjà fait une procuration pour les 13 et 20 juin 2021, il n’est pas nécessaire de la refaire. Elle reste valable pour les 20 et 27 juin 2021.
1Je n’ai jamais vraiment compris pourquoi le facétieux baron de Münchausen, un officier allemand du XVIII e siècle réputé pour ses fanfaronnades, était devenu involontairement célèbre dans les milieux médicaux du XX e siècle grâce au syndrome qui porte son nom. C’est en 1951 dans The British Medical Journal, sous la plume d’un médecin anglais, R. Asher, qu’est décrit pour la première fois le syndrome de Münchausen ». Or, les patients qui créent de toutes pièces leurs symptômes entraînant, à leur demande, interventions médicales et soins répétitifs paraissent fort éloignés du fameux baron et ils ne font pas rire du tout les médecins ! 2Dans cette revue scientifique fort sérieuse, le premier auteur et les suivants utilisent un ton au vitriol fort inhabituel pour décrire ces patients à problème qui pérégrinent d’un médecin à l’autre ». Sans se soucier du secret professionnel, les noms des patients sont cités et certains recommandent rien moins que ces consultants hospitaliers ambulants » soient placés à l’asile à vie. Comment expliquer une telle animosité ? 3La découverte du syndrome de Münchausen est contemporaine de la création du British National Health Service BNHS , né, comme la Sécurité sociale en France, après la Deuxième Guerre mondiale. Des millions de Britanniques souffraient des dommages de la guerre et beaucoup d’entre eux se sont tournés vers le BNHS, qui était gratuit et efficace. Pour certains médecins, le BNHS apparaît comme une provocation ils craignent la disparition de leur pratique privée tandis qu’ils se voient submergés de patients nécessiteux. Les médecins en veulent à ces patients qui les poussent à faire des erreurs de diagnostic et à coûter de l’argent par leurs demandes d’investigation et leurs traitements abusifs. 4Les conditions sociales et économiques de la médecine de l’après-guerre ont favorisé le contact entre des patients en manque et des médecins frustrés. L’un des résultats de cette interaction est le portrait méprisable du patient atteint du syndrome de Münchausen. 5En 1977, Roy Meadow, un pédiatre anglais, publie les cas apparemment fort différents de deux enfants une fillette de six ans présentant des infections urinaires à répétition et un garçon de quatorze ans, souffrant d’accès de somnolence et de vomissements. Le point commun entre ces deux cas réside dans le fait que les deux mères rendaient leurs enfants malades, l’une en favorisant l’infection, l’autre en intoxicant son fils au sel. Meadow en fait illico une forme particulière de maltraitance. Il estime essentiel de dire aux médecins dans The Lancet qu’ils pourraient être complices d’une forme de maltraitance, notamment en prescrivant des examens inutiles et douloureux. Cette collusion entre une mauvaise mère et un médecin qui renforce la situation lui apparaît comme un véritable scandale. Le même Meadow n’a pas d’explication concernant le comportement de la mère, sinon qu’elle utilise l’enfant pour s’entourer d’une équipe médicale amicale et rassurante. Il laisse ouverte la question de savoir si ce syndrome est inconnu parce qu’il est rare ou parce qu’il n’a pas de nom. 6Cette description est contemporaine d’une augmentation de mises en cause agressives des pratiques médicales et de conflits entre patients et médecins. Celles-ci sont favorisées du fait que la médecine et la pédiatrie en particulier ne comptent plus leurs succès. Le sida n’a pas encore fait sont apparition. La mortalité infantile a considérablement diminué, la leucémie n’est plus une fatalité, les maladies infectieuses non plus. Les prouesses techniques laissent présager un avenir radieux. Les parents qui se battent pour faire soigner leur enfant et les médecins qui ne trouvent pas de diagnostic sont dans une situation de tension qui permet aisément de fausses allégations de MSBP. Au début, les mères sont considérées par les équipes médicales comme des mères parfaites » s’occupant particulièrement bien de leurs enfants. Elles passent dans la catégorie des emmerdeuses » ou, ce qui est plus grave, des maltraitantes » quand les médecins ne trouvent pas de causes aux symptômes de l’enfant. Roy Meadow est ce pédiatre qui déclarait encore récemment à propos de la mort subite du nourrisson Un décès, c’est une tragédie ; deux, cela prête au soupçon, et trois, ce sont des assassinats ». Expert auprès des tribunaux, il a envoyé des dizaines de mères en prison. Le journal Libération relate ainsi l’histoire de sa dernière victime en 1989, Angela Cannings perd sa fille âgée de treize semaines; en 1991, elle perd son fils Jason à sept semaines. Huit ans plus tard, son troisième enfant, Matthew décède à l’âge de quatre mois. Une enquête est ouverte. Angela Cannings est condamnée à la prison à vie pour avoir étouffé ses enfants. En déclarant à la barre que la mort de trois bébés d’une même mère était un événement rare, très rare », Roy Meadow a emporté la décision des jurés. L’existence de neuf nourrissons décédés subitement dans la même famille ne les a pas ébranlés le moins du monde. Fort heureusement, Angela Cunnings a été acquittée en appel depuis, on a montré que plusieurs morts subites peuvent bel et bien se produire dans une même famille. 7C’est encore un Anglais, David Southall, qui, dans les années 1990, a placé des caméras video dans les chambres d’hôpital. On a vu ainsi en direct aux télévisions anglaise et américaine des mères étouffer leurs bébés, couper le tube à oxygène ou enfoncer leur doigt dans la gorge de l’enfant, puis demander de l’aide pour les réanimer. 8Dans la littérature anglo-saxonne, les conceptions des pathologies de la mère ne sont pas très convaincantes est-ce un trouble du comportement ou un acte criminel ? Comment les distinguer ? Ceux qui font un casse dans une banque ne sont pas atteints du syndrome des casseurs de banque ! Au milieu des années 90, la description de la mère est la suivante Autoritaire dans sa supercherie, elle gagne le respect des soignants. Elle les appelle par leur prénom et leur apporte des gâteaux. Elle connaît par cœur le cas médical de son enfant. Elle est mariée et son mari lui laisse prendre les décisions médicales, car elle a travaillé dans ce milieu. Quand on l’interroge sur la maladie de l’enfant, elle s’effondre en pleurs, blessée par la maladie chronique dont l’enfant est atteint. Elle ne quitte pas le pied du lit. » Un expert l’appelle une mère hélicoptère ». 9Au fil des années et par extension, le MSBP apparaît de plus en plus comme le danger que représentent les mères qui s’impliquent trop avec leur enfant. L’idée qu’une mère puisse aimer trop ou protéger trop son enfant n’est pas nouvelle, mais ce ne sont pas les médecins qui s’en sont aperçus les premiers ! 10Plus récemment, encore par extension, des experts ont proposé d’étendre le concept de MSBP aux mères qui passent trop de temps non pas à l’hôpital, mais à l’école, imposant la recherche de troubles cognitifs, de troubles psychologiques ou d’hyperactivité, bref aux emmerdeuses, surtout quand elles exercent le métier de psychologue, comme ces fameux experts n’ont pas manqué de le remarquer ! Schreier, un psychiatre américain, veut que l’on inclue dans le syndrome de Münchausen par procuration les mères qui harcèlent la police, les travailleurs sociaux et le milieu scolaire. 11Mais qui peut prouver que ce sont elles qui provoquent les troubles invoqués ? En voulant étendre le même concept à toutes les mères manipulatrices, on risque de faire encore plus de faux diagnostics ce n’est pas parce que la mère est manipulatrice que l’enfant n’a rien et seul le mode de relation au professionnel est commun àces situations disparates celui-ci, quel qu’il soit, a envie de se débarrasser de cette mère envahissante ! On est loin de la mère parfaite des premières descriptions. La difficulté du diagnostic 12La plupart des auteurs insistent sur la difficulté du diagnostic, appuyé sur des critères précis. En matière de syndrome de Münchausen par procuration, les cas de fausses allégations sont plus fréquents que les cas prouvés ce sont ces belles histoires où les parents désavoués par certains médecins n’en continuent pas moins de consulter, parfois dans le monde entier, pour trouver celui qui fera le diagnostic et sauvera l’enfant. Et quand ça marche, c’est le triomphe des parents et la déconfiture des médecins, sauf du dernier. Quelle que soit l’issue de l’histoire, il s’agit toujours d’un rapport de force entre mère et médecins, dont l’enfant est l’enjeu. 13Le diagnostic est difficile, d’abord parce qu’on n’y pense pas. On se trouve dans la même situation que pour la maltraitance il y a quelques dizaines d’années. Ici, la maltraitance est physique mais médicalement induite, et c’est la relation avec le corps médical qui la distingue des autres formes de maltraitance. Le médecin, on l’a vu, considère cette femme, qui fait ce qu’il faut pour ça, comme une mère parfaite. Professionnellement, il est séduit et pense pouvoir faire une alliance thérapeutique, d’autant qu’il s’agit de symptômes chroniques. La première surprise vient du fait qu’il ne peut pas trouver de cause aux symptômes répétitifs de l’enfant. La seconde vient de ce que l’échec du médecin est loin de rebuter la mère. Bien au contraire, elle en redemande et excite son désir de savoir et de soigner, parfois au-delà du raisonnable. C’est à cause ou grâce à son impuissance, si – et seulement si – il arrive à l’admettre, que le comportement de la mère sera mis en question. Or, la preuve est très difficile à apporter. En France, on ne met pas de caméra. On ne soumet pas la mère au chantage en lui disant que si elle n’avoue pas, on lui retirera son enfant, meilleur moyen d’obtenir de faux aveux. Souvent, il s’agit d’un diagnostic par défaut en l’absence de visites de ses parents, l’enfant se porte bien ! 14La plupart des cas rapportés sont centrés sur cette période difficile du diagnostic, car rien dans le comportement de la mère n’est spécifique, ni dans celui de l’enfant. Ensuite le dossier passe chez le juge. Le cas Freddy 15Cette famille, composée du père, de la mère et de leurs deux fils, âgés de sept ans et demi et cinq ans, m’est adressée au CMP par la psychologue scolaire. 16Le plus jeune, Freddy, ne veut pas aller à l’école, ne mange pas, se fait vomir. Il présente un asthme sévère depuis l’âge de huit mois et fait des séjours fréquents en réanimation en état d’insuffisance respiratoire. Il est né avec une circulaire du cordon, ce que l’on retrouve fréquemment chez les enfants asthmatiques précoces, surtout quand cet épisode très angoissant est passé sous silence, ce qui est le cas. De plus, il est plâtré car il s’est cassé le coude quatre jours après la rentrée scolaire. 17L’aîné, lui aussi, se casse sans arrêt quelque chose, et il a la jambe dans le plâtre. 18Les parents se présentent tous deux comme au bout du rouleau un père en costume cravate, peu soigné, sans âge et une mère indécidable. Le père est visiblement dépressif, effondré sur sa chaise, il prend des médicaments, il est en analyse depuis des années et n’a qu’une envie – me dit-il –, se tirer. 19La mère, très volubile, raconte une vie d’enfer où elle est l’esclave de ses enfants qui sont malades sans aucun répit, ainsi que son mari et elle-même. Je suis d’emblée frappée par la jouissance qu’elle a à me raconter ses propres malheurs, et surtout à ne rien écouter dès lors que des solutions pratiques pourraient la soulager momentanément. 20Je décide de suivre Freddy et d’adresser le frère à une autre thérapeute. 21Pendant cette première période qui va durer une année scolaire, Freddy aura une bronchite, une grippe, une gastroentérite, une pneumopathie, une laryngite et une autre bronchite. Il se mettra à insulter sa mère et à la frapper. Sa mère se laisse faire après l’avoir poussé à bout et le père refuse d’intervenir. Le frère se cassera une seconde fois la jambe et la mère aura trois maladies différentes. Le père ne viendra plus. 22Freddy est un garçon malingre, très vif, très intelligent, souvent fiévreux, le nez coulant, les lèvres gercées. Il a une voix rauque qui détonne, car il est petit et chétif. La mère paraît accepter la règle du secret professionnel mais, en fait, elle questionne son fils après chaque séance. Elle demande des conseils pour moins crier et moins taper, mais n’écoute absolument rien et refuse une prise en charge individuelle. 23Freddy ne veut pas aller à l’école, ce qui est assez facile car il est tout le temps malade. Sa mère trouve l’école violente » et, comme il est en maternelle, il y va peu et quand il y va, il se sent à part, exclu par ses camarades, d’autant qu’il ne peut aller dans la cour de récréation à cause de sa fragilité pulmonaire. La mère a infiltré le cadre scolaire, elle fait partie d’une association de parents d’élèves, ce qui lui permet d’avoir une relation personnelle avec le directeur qui l’apprécie au début, puis ne sait plus comment s’en débarrasser. Le pneumologue a fourni un certificat médical pour dispenser Freddy de récréation, à la demande de la mère. 24Au terme de cette année, Freddy a été de plus en plus malade et est allé de moins en moins souvent à l’école. Il ne veut plus prendre ses médicaments, il est violent à la maison. Sa mère se plaint de plus en plus. Ses séances sont occupationnelles », il vient volontiers, mais il ne se passe pas grand-chose. Je ressens qu’il n’a pas le droit de me parler. Sa mère continue de se plaindre, mais l’amène à chaque fois qu’il n’est pas malade. La seule chose que je retiens de ses séances, c’est je veux retourner dans le ventre de ma mère », là où on ne parle pas. C’est pourquoi j’accepte d’interrompre les séances quand il me dit qu’il ne veut plus revenir, bien que je sente parfaitement qu’il est le porte-parole de sa mère. 25Un an plus tard, au moment de la rentrée scolaire, toute la famille revient et la situation a empiré le frère aîné menace de se suicider, ce dont le père viendra me parler seul. D’une certaine manière, on peut considérer que c’est un progrès car, auparavant, ce garçon mettait sa vie en danger sous forme d’accidents répétitifs graves dont on ne cherchait jamais la cause psychologique. Il souhaite reprendre sa psychothérapie, ce qu’il va faire. 26La mère, qui pensait reprendre son emploi, est en train de se faire licencier, elle craque sur un mode très hystérique elle crie, elle pleure, elle n’en peut plus. Elle accepte enfin de voir un psychanalyste pour elle-même au sein du CMP où nous avons une consultation pour les parents. 27Freddy a été malade pendant toutes les vacances. Il demande aussi à revenir me voir. Ses séances ont alors une tonalité toute différente. Je sens un enfant paniqué, mais en confiance avec moi. 28Il raconte qu’il est terrorisé car il entend des voix et voit des choses terrifiantes. La voix lui dit Viens par ici », et un bras sort de son bureau pour l’attraper. Il se précipite alors dans le lit de ses parents où il dort. Quand il est seul, il a peur de mourir, ce qui l’empêche de dormir, et il est persuadé que ses parents vont l’abandonner. Il est épuisé physiquement par l’absence de sommeil, tout comme ses parents. Les séances, très riches, ne changent rien du tout dans le quotidien. Avec l’accord des parents – mais pas vraiment celui de Freddy –, j’appelle le pneumologue pour savoir ce que je peux prescrire pour l’aider à dormir au moins quelques jours. N’importe quoi, me dit-il, cet enfant n’a rien. Avec un certain bon sens, il me dit que c’est la mère qui est malade, pas l’enfant ! 29Cette conversation m’impressionne et, en discutant avec la collègue qui suit la mère, nous en venons ensemble à penser que la mère provoque les crises d’asthme pour emmener son fils se faire réanimer et se plaindre d’être la mère d’un enfant malade chroniquement. Nous n’en cherchons pas particulièrement la preuve, car cela ne nous paraît pas de notre ressort. 30Je prescris du Melleril et demande aux parents de m’appeler le lendemain. Freddy n’a pas dormi de la nuit, mais il a dormi toute la journée à l’école. Les parents ne veulent plus lui donner de médicament et lui installent un matelas dans leur chambre. Compte tenu de ce qu’il m’a dit précédemment, je comprends que dormir est extrêmement dangereux pour lui et qu’être plus fort que le médicament le satisfait parfaitement. Les parents, de leur côté, sont enchantés de me mettre en échec. C’est eux qui savent, pas moi. 31Quelques mois plus tard, Freddy me raconte la scène qui, dit-il, le rend fou Sa mère décide de leur acheter un cadeau, à son frère et à lui. Quand j’ai choisi, elle dit que c’est pour mon frère. » Fureur. Pour que je me calme, elle me punit et c’est ça qui m’énerve. » C’est la première fois qu’il critique directement sa mère. Quand je le raccompagne dans la salle d’attente, sa mère n’y est pas. Renseignement pris, elle est dans un bureau avec la thérapeute de son autre fils. Je le laisse et retourne dans mon bureau. Il revient en sueur il ne peut pas rester, il a peur, il ne connaît personne, on va le kidnapper, sa mère ne reviendra pas. Je le raccompagne dans la salle d’attente en lui parlant il y a trois mères de famille avec des enfants très jeunes à qui je demande de veiller sur lui. Il est pris à nouveau de panique et va dans le bureau de la secrétaire, d’où il surveille l’escalier par lequel sa mère va descendre. 32Le contenu de la séance a probablement majoré sa panique, comme si le fait de critiquer sa mère expliquait qu’elle ne soit pas dans la salle d’attente, qu’elle l’ait abandonné. Il ne peut pas imaginer que sa mère ne sache pas ce qu’il m’a dit. Il projette sur elle ses fantasmes destructeurs, et réciproquement d’ailleurs c’est bien elle qui lui présente le monde extérieur empli de dangers qui vont l’assaillir si elle n’est pas là pour le protéger. Moyennant quoi, il ne peut plus la quitter d’une semelle, ce dont elle se plaint et ce qui la rend violente à son endroit. 33C’est un garçon qui, à six ans, n’a jamais passé une nuit en dehors de la maison sans sa mère, en principe à cause des crises d’asthme. Il envisage de le faire vers seize-dix-huit ans, pas avant, me dit-il. 34Le frère aîné qui, lui, fait un vrai travail d’analyse, va mieux. Il prend quelque distance à l’égard de sa mère en restant très prudent. Sa thérapeute confirme que la mère attise la rivalité entre les deux frères pour intervenir très brutalement, puis se plaindre. Nous avons laissé à tort le père de côté, au prétexte qu’il suit une analyse. La mère elle aussi le laisse de côté, sauf quand elle en a besoin. Nous allons la voir à l’œuvre très rapidement. 35Freddy a beaucoup de mal à apprendre à lire, ce qui augmente son refus de l’école. La mère demande un examen orthophonique qui montre qu’il a des troubles d’origine neurologique et qu’une rééducation spécialisée est indiquée. Il commence, fait des progrès notables et, au bout de quatre mois, ne veut plus y aller. L’orthophoniste décide d’arrêter momentanément car elle ne peut plus travailler, quitte à reprendre un peu plus tard. 36Sans prévenir personne, les parents vont consulter une neuro-pédiatre qu’ils avaient déjà vu quand Freddy avait quatre ans. La neuro-pédiatre qui me connaît bien remet totalement en cause la prise en charge sans me prévenir et prescrit une autre orthophonie intensive ». Je l’apprends en recevant le compte-rendu de consultation. Assez furieuse, je convoque les parents et leur demande de me signer une décharge disant qu’ils ont arrêté définitivement l’orthophonie contre l’avis de l’orthophoniste et contre avis médical. Ils sont stupéfaits, acceptent de signer, et je pense qu’ils ne reviendront plus. Pas du tout ! La mère demande que je reçoive Freddy plus souvent. Stupéfaite à mon tour, j’accepte. Depuis qu’il a changé d’orthophoniste, il demande à revenir voir la première ! Mais là, ce sera non. 37J’apprends alors par la psychologue scolaire qu’il se rend deux fois par semaine chez une orthophoniste que je connais bien, avec qui j’ai de fort mauvaises relations car, sous couvert d’orthophonie, elle fait ce qu’elle appelle de la psychothérapie. J’apprends aussi qu’elle a demandé aux parents et à Freddy de ne pas me dire que c’était elle qui s’occupait de lui. Cela m’énerve beaucoup, mais je ne veux pas que la rupture vienne de moi. En allant chercher Freddy dans la salle d’attente et devant lui, je demande tout naturellement à la mère comment cela se passe avec Madame B. La mère ne marque pas la moindre surprise et me dit que tout se passe très bien. Au moins, Freddy sait que je sais. 38Trois mois plus tard, Freddy demande à sa mère de me dire qu’il ne veut plus venir, ce qu’elle fait en ajoutant qu’elle n’est pas d’accord. Je ne commente pas, lui demande d’aller dans la salle d’attente ; il commence sa séance sans commentaire lui non plus. Cela indique implicitement que je ne peux prendre en compte ce que sa mère me dit à sa place. Il commence timidement à réaliser la manipulation dont il est l’objet, ainsi que son frère Pourquoi maman veut pas qu’on joue ? Les filles sont bêtes, elles savent rien. Pourquoi c’est pas moi qui peux commander ? » 39Le frère, en accord avec sa thérapeute, décide d’arrêter, contre l’avis de sa mère qui voudrait qu’il continue. 40Pendant les vacances de Pâques, alors qu’ils ne partent jamais, ils sont allés à Monaco, destination assez surprenante ! Freddy a eu des crises d’asthme et a été tous les jours à l’hôpital car la mère n’a pas voulu qu’il soit hospitalisé. Freddy a voulu rester dans la salle d’attente pendant cet entretien. Lui ne me parlera pas de ses vacances. Il me dira Je ne suis pas malade » et se taira. Je ne lui parle pas de ce que sa mère m’a dit. Il déchiquette la pâte à modeler en silence, puis me questionne sur mon métier, les études qu’il faut faire, leur durée. Il se met à façonner une bête préhistorique avec une très longue queue qui recouvre un crocodile en plastique. Il me dit Je l’ai inventé, c’est pas un monstre ! » C’est la première fois qu’une bête n’est pas un monstre ; les monstres, il ne les invente pas, ils s’imposent à lui. Il fait passer la queue entre les deux branches des ciseaux, sans la couper, et me dit Si maman voit ça, je sais pas la tête qu’elle fera !» Cette fois, il sait que sa mère ne voit pas ce qui se passe dans mon bureau. 41La rétorsion ne se fait pas attendre. Une semaine plus tard, il est dans le plâtre entorse en jouant au foot avec son frère On trichait, on s’est rentré dedans. » 42 J’ai rêvé que j’étais dans le lit de mes parents oui, mais dans son lit !. Mon cerveau m’oblige à emmerder mes parents. » 43Une semaine plus tard, les monstres reviennent. Je précise que ce ne sont pas des rêves, mais des hallucinations. Il a demandé à sa mère la date de son rendez-vous et à moi, il me demande s’il peut venir plus souvent. Il ne veut pas qu’on lui enlève son plâtre parce qu’il lui fait mal ». 44La mère décommande le rendez-vous suivant parce qu’il va enlever son plâtre juste à l’heure de sa séance. Le frère aîné se casse une fois de plus la jambe, prétexte que saisit la mère pour ne plus venir elle ne peut le laisser seul à la maison. Fin provisoire ou pas ? 45Je précise, pour information, que cette mère est ce que Boris Cyrulnik appellerait une résiliente » une forme de richesse intérieure, de capacité à surmonter les épreuves de l’enfance, comparable – pourquoi pas ? – à celle de l’huître qui réagit à une impureté en fabriquant une perle. violée par son père, placée très jeune dans plusieurs institutions, elle a réussi à avoir un métier, se marier, avoir deux beaux garçons qu’elle a désirés, malheureusement souvent malades, auxquels elle est totalement dévouée. Le seul problème est qu’elle s’en sort en détruisant tout autour d’elle, particulièrement ses fils son emprise sur eux saccage leur identité, sa violence les rend violents, son impossibilité de mettre la moindre distance entre elle et eux pervertit leur moindre désir. Ne pouvant l’éloigner, ils reprennent à leur compte son désir à elle, comme si c’était eux qui ne pouvaient s’éloigner. Quand ils n’en peuvent plus, ils se mettent en danger, frôlant la mort, et c’est toujours elle qui les sauve après les avoir poussés à ne plus vouloir vivre. C’est ce qu’Alice Miller a parfaitement décrit sous le terme d’ abus narcissique ». 46Je ne vous raconte pas cette histoire pour analyser le développement psycho-pathologique de cet enfant, aussi intéressant soit-il, mais pour analyser la relation de cette femme avec moi dans l’institution. Le syndrome de Münchausen par procuration psychique 47La première description du syndrome de Münchausen est contemporaine de la création de la Sécurité sociale britannique. Celle du syndrome de Münchausen par procuration est contemporaine d’une modification des rapports entre médecin et malade, et surtout de l’émergence de la maltraitance diagnostiquée en premier lieu par les pédiatres fractures sous-périostées, syndrome de l’enfant secoué. 48Que peut-on dire du syndrome de Münchausen par procuration psychique ? Et d’abord qu’est-ce qui me permet d’évoquer ce diagnostic ? 49Je ne rapporte qu’un seul cas ; la description est toujours longue, mais j’en connais trois à ce jour. Ce sont toujours des enfants qui ont une histoire médicale lourde. Le diagnostic est posé par exemple, asthme ou épilepsie, mais le traitement est compliqué, les rechutes fréquentes. Ce sont des enfants constamment malades, fréquentant les spécialistes hospitaliers, parfois victimes d’accidents à répétition. Les mères ne ressemblent pas toutes à la mère de Freddy, du moins au début. Celles que j’ai rencontrées se présentaient comme débordées par les excès de leurs enfants, dans des situations familiales complexes ou douloureuses père sur le point de mourir ou absent. La consultation au CMP n’a pas pour motif la maladie chronique mais un autre problème, généralement autour de l’école refus d’aller à l’école, refus d’apprendre. À la première consultation, l’enfant va manifestement mal et il n’y a pas grande hésitation à le revoir, ne serait-ce que pour mieux évaluer la situation, d’autant que les parents sont demandeurs et que l’enfant n’y est pas hostile. Et là, au fil des consultations, nous découvrons que l’enfant va de plus en plus mal, il vient régulièrement ou non, mais il ne s’engage pas dans une cure. Curieusement, plus il va mal, plus la mère en redemande augmentation de la fréquence des rendez-vous, demande d’examens complémentaires, parfois hospitalisation en psychiatrie devant la menace suicidaire. Alors que nous avons l’illusion de faire correctement notre travail, nous ne faisons que ce que la mère nous dicte de faire. Même celles qui se présentent comme ayant une certaine distance avec leur enfant sont en réalité totalement collées et exercent une maîtrise totale sur tout ce qui se passe. L’enfant, quel que soit son âge, est totalement parasité et ne peut penser. Il rue dans les brancards de façon tout à fait désordonnée, violente, avant de se déprimer gravement ou d’avoir un accident. 50La question est évidemment de savoir si, en continuant de voir l’enfant, le psy ne participe pas de cette maltraitance, tout comme le médecin le fait en multipliant les examens médicaux, voire les interventions chirurgicales. S’il n’est pas facile de répondre à cette question, il est indispensable de se la poser. Dans un cas, après plusieurs années de bons et loyaux services avec une adolescente de seize ans qui avait perdu son père, j’ai refusé de la revoir à la demande de sa mère alors que la situation était catastrophique, en expliquant à la mère pourquoi. Elle a admis sans résistance qu’elle provoquait les tentatives de suicide de sa fille pour m’appeler après, et je ne l’ai plus jamais revue. 51Dans le cas de Freddy, j’ai tout fait pour que la rupture ne vienne pas de moi en sachant très bien qu’elle allait arriver. Pendant la première année, Freddy ne s’est pas engagé dans une cure et j’ai plutôt occupé une position de consultantpsychiatre, même pas de psychothérapeute, position assez confortable pour essayer de comprendre quelque chose. 52Pendant la seconde période, Freddy s’est véritablement engagé dans la description de ses hallucinations et dans une relation transférentielle un peu dangereuse pour lui. Je n’ai fait pratiquement aucune interprétation, cherchant à le suivre et non à le précéder, ne mettant jamais sa mère en cause afin qu’il puisse lui-même y arriver quand il pourrait le supporter. Les rétorsions immédiates qui ont suivi sa mère absente de la salle d’attente, l’entorse du pied ne l’ont pas découragé, mais sa mère qui sait tout a senti le danger. Tant qu’il allait de plus en plus mal, elle m’a harcelée de ses plaintes et de ses demandes, dès qu’il a pu formuler autrement que dans la violence qu’il s’interrogeait sur la légitimité de son emprise, elle n’a plus voulu que je le reçoive. 53Que cette mère, pour des raisons liées à son histoire incestueuse, ait des relations perverses avec ses fils ne me paraît pas discutable il s’agit d’une relation pseudo-incesteuse éliminant radicalement le père, à qui cela convient tout à fait. L’enfant est annexé, éviscéré, attaqué dans son désir et sa capacité de penser par la violence des gestes et des mots. Il est tenu pour responsable des attaques subies qu’il doit réparer. La disqualification par la parole est l’outil qui va permettre à la mère de dominer l’autre, de se l’attacher, de l’assujettir et éventuellement de le détruire. C’est l’anti-maternage par excellence. 54Il me semble que dans les analyses d’adultes, nous rencontrons ces hommes et ces femmes anéantis que nous n’avons pas reçus quand ils étaient enfants. Dans la littérature analytique, ce sont les cas que rapportent Denis Vasse qui se rapprochent le plus du cas de Freddy. Effets du syndrome de Münchausen par procuration psychique 55Au vu de ces éléments, je pense qu’on peut évoquer le diagnostic de syndrome de Münchausen par procuration psychique qui, de mon point de vue, doit associer l’existence de symptômes psychiques bruyants, difficiles à associer entre eux, du moins au début, et les plus divers, chez un enfant souvent malade physiquement chronique ou accidents ; une aggravation de l’état de l’enfant qui vient rencontrer le psy ; une mère avide de conseils qu’elle n’écoute pas et surtout qui en redemande d’autant plus que l’enfant va plus mal, sous réserve de maîtriser les prises en charge. 56Si nous admettons ce diagnostic, il faut aller plus loin et se demander pourquoi ces mères, au-delà de leur histoire individuelle, ne se contentent pas du huis clos avec l’enfant déjà largement entamé par les médecins-complices, pourquoi elles s’adressent à nous et quelle est la nature de cette relation. Je peux l’exprimer différemment en posant la question de savoir ce qu’elles remettent en question chez le psychanalyste et dans notre société, puisque précédemment, j’ai fait le lien, même s’il est incomplet, entre la description du syndrome et les conditions sociales de son apparition. 57Avant de proposer les hypothèses auxquelles j’ai pensé, je dois essayer de préciser comment je vois la relation de cette mère avec moi. Je dirais évidemment qu’elle est perverse, mais il faut que je précise en quoi. 58Nous fréquentons tous des parents pervers et habituellement, ils mettent en échec la relation thérapeutique avec l’enfant, ce à quoi nous devons nous soumettre avec les jeunes enfants, car nous ferions davantage de dégâts en nous opposant, par exemple, à un père pervers. Dans ces cas, qui sont les plus fréquents, nous nous heurtons davantage de front à la perversion du père, même si la mère est totalement complice. Je ne dis pas pour autant que tous les parents qui mettent en échec la relation thérapeutique avec l’enfant sont pervers mais plutôt que lorsqu’ils le sont, c’est à nous d’interrompre la cure. 59Il ne suffit pas de questionner la position de l’analyste pour engager une relation perverse, ce serait trop simple. 60Le psychanalyste Serge André dans L’imposture perverse [1] écrit Pour qu’il y ait du psychanalyste, il faut qu’il y ait du sujet qui souffre. Mais ce n’est pas encore assez dire [… ]. Le psychanalyste, lui, ne plaint pas ; il ne plaint pas celui qui se plaint. Il est insensible comme dit Ferenczi [… ] Il n’est pas là pour souffrir avec, pour compatir. Son apathie fait opposition au pathos. Cette position comporte plus que du stoïcisme. Je dirai qu’elle est, au sens le plus fort du mot, celle du mépris – si l’on veut entendre par là mépris non pas à l’égard du sujet, mais à l’égard du pathos. » Et plus loin C’est une analogie de structure entre la position de l’analyste et celle du maître sadien, telle que Lacan l’a montrée. La différence est que le bourreau sadien assume cette position au nom d’une volonté de jouissance absolue alors que le psychanalyste, lui, est censé ne pas en jouir. » 61Si l’on veut repérer ce qu’il en est pour chacun de nous du désir d’être analyste et surtout de le rester, ce genre de patientes – même si dans ce cas particulier il ne s’agit pas de cure analytique – qui étalent leur jouissance à souffrir nous oblige à nous confronter au fantasme sadien imposé par l’analogie de structure entre les deux positions. 62Il me paraît rétrospectivement évident qu’en prenant en charge l’objet de sa plainte, l’enfant, cette mère me déloge en toute bonne conscience de la position de mépris à l’égard du pathos ». Moins elle est présente dans mon bureau, plus elle l’est. Si elle transfère sur moi sa conviction de savoir ce que veut l’Autre position perverse par rapport au fantasme, elle me l’impose en manipulant le cadre comme elle manipule son entourage. Or le désir de l’analyste – qui n’est pas pur et qui reste toujours à élaborer – s’accroche au minimum au maintien du cadre pour rendre l’analyse possible. 63Pour Serge André, la perversion est bien autre chose qu’une entité clinique c’est une certaine façon de penser dont l’essence découle des rapports du pervers au fantasme et à la Loi. Cela n’est pas nouveau et de nombreux psychanalystes d’adultes se sont attachés avec beaucoup de talent à décrypter ce que le pervers fait à l’analyste. 64J’en suis donc venue à chercher, devant cette famille des plus traditionnelles – père, mère, mariés, deux enfants –, ce qui leur avait été imposé par l’époque actuelle et que la mère remettait radicalement en question, en nouant la perversion de ses relations avec ses fils à la demande de soins au psychanalyste. 65Je ne sais pas si j’en serais arrivée au point suivant si je n’avais lu récemment l’article de Marcel Gauchet, intitulé L’enfant du désir [2]. J’attendais depuis longtemps cet article, mais je ne savais pas d’où il viendrait. Marcel Gauchet analyse les conséquences du fait que, dans nos pays, les enfants d’aujourd’hui sont des enfants du désir. Voici la conclusion Nous n’en aurons jamais fini de nous débattre avec les suites indésirables de nos entreprises les plus légitimes. » Inutile de préciser que je me suis assurée que Freddy et son frère ont été des enfants désirés et programmés. Bien entendu, ce terme nous fait tiquer car, pour nous, le désir est par essence inconscient, alors que l’auteur parle de désir conscient. Mais écoutons-le, car dans le langage commun, nous savons bien de quoi il parle. 66Aujourd’hui, on n’a pas un enfant, on fait un enfant. Il est le résultat d’un désir spécifique, différencié du désir sexuel. Il est le produit privé du vœu de ses géniteurs. 67Gauchet pointe cette évidence qui crève les yeux mais qui n’en fait pas moins l’objet d’un oubli conjuratoire qui doit alerter; l’enfant désiré est par définition l’enfant refusé; la société qui met en avant le modèle de l’enfant du désir est objectivement la société du refus de l’enfant. On assiste à la non-reproduc-tion spontanée d’une population alors que les conditions de ressources et de sécurité sont on ne peut plus favorables ». 68Je continue à reprendre les propos de Gauchet Jamais en même temps, l’enfant n’a eu autant le visage de la victime virtuelle, jamais il n’a semblé aussi vulnérable, jamais il n’a paru autant requérir d’être préservé d’une menace omniprésente tantôt on mésestime ses qualités, tantôt on lui en demande trop, mais surtout cette menace, ce sont les parents qui l’incarnent le mieux. [… ] Mais l’existence de l’enfant du désir est également suspendue à l’intention même de ses auteurs. Aussi est-elle suspendue à l’intention qui a mû ses auteurs. Elle ne tient qu’à un fil, aussi est-elle habitée par un sens suraigu de sa contingence et de sa précarité. » 69Or, il est indéniable que la psychanalyse s’est littéralement emparée de l’enfance. La contraception, puis les méthodes de PMA obligeant à vouloir plus qu’à désirer un enfant, et enfin la psychanalyse avec la notion de désir inconscient ont révolutionné l’institution des nouveaux venus dans le sens de l’individualisation L’enfant choisit de s’incarner, il choisit ses parents autant que ses parents l’ont choisi, il se fait naître. Bref, il est environné de nécessités fantasmatiques dont on n’avait pas idée. Le discours sur ses compétences renforce l’idée que l’enfant est un individu à part entière qui n’a pas à conquérir son individualité puisqu’elle lui est donnée d’emblée. Il s’y noue une aliénation terrifiante au lieu d’un détachement libératoire. » 70De l’enfant du désir à l’enfant tel que je le désire, le chemin est direct. Qui dira la déception devant l’enfant du désir ? Elle est d’autant plus ravageante qu’elle est inavouable socialement et psychiquement. Elle engendre culpabilité ou parfois dénégation passionnée devant les dons supposés de l’enfant. 71Freddy est un enfant du désir ou déclaré tel. Sa mère provoque inlassablement sa mise en danger pour réaffirmer qu’elle le désire, ne pouvant à aucun prix exprimer différemment son ambivalence, et Freddy reprend à son compte cette demande, tant il est en insécurité. 72Ces insécurités objectives de part et d’autre engendrent fatalement de la haine. La mère vient interroger les médecins dont le métier est de faire vivre les enfants et les psychanalystes qui ont institué l’enfant du désir comme le nec plus ultra de la conception. 73La situation la plus proche de celle que je viens de décrire est celle, exceptionnelle mais connue des centres de PMA, où une femme enceinte par FIV se fait avorter et redemande une FIV. 74Dans ces conditions, la perversion viendrait mettre en question les exigences du discours de la science et de la psychanalyse. En ce sens, elle nous interroge tous, bien au-delà de la pathologie individuelle de telle ou telle personne qui est pourtant notre pain quotidien. Notes [1] Serge André, L’imposture perverse, Paris, Le Seuil, 1993. [2] Marcel Gauchet, L’enfant du désir », Le Débat, n° 132, nov-déc. 2004, p. 98-121.
Après les excès des fêtes, certaines personnes ont décidé d’arrêter de boire pendant le mois de janvier. C’est le Dry January. Témoignages en Bourgogne-Franche-Comté. Je sors d’un repas de famille ! », lance Julie, au téléphone. Elle et son conjoint Sébastien se sont lancé un défi ne pas boire d’alcool en janvier. C'est le Dry January, ou le Janvier sec, une campagne lancée outre-Manche en 2013 par l’organisation Alcohol Change UK. Une manière de sensibiliser les consommateurs à l'addiction à l'alcool. Pour Julie et Sébastien, ces retrouvailles avec les proches étaient donc une des premières épreuves du mois. La trentenaire raconte Quand on leur a dit qu’on ne buvait pas d’alcool, ça les a fait sourire ! » Après les fêtes de fin d’année, le temps était venu de faire une coupure, une détox » C’est un challenge que j’ai découvert via mon entreprise. Une boîte américaine qui se lance souvent des défis comme le Movember. » La Jurassienne admet que boire un verre le soir était rentré dans les habitudes ». Une manière d’acter le retour à la maison pour cette agente logistique, comme elle le raconte Souvent, nous prenons l’apéro le soir, après le travail. Un petit verre de vin quand nous préparons le repas, comme un rituel. » Le défi permet à certaines et certains de prendre conscience de leur consommation d’alcool. Une consommation qui était régulière pour Killian… jusqu’à ce qu’il entame son premier janvier sec l’année dernière. Le Dijonnais l’admet Se rendre compte de sa consommation, c’est aussi un moyen de ne pas tomber dans l’addiction ». Car la frontière peut être fine dans sa profession ; lui qui travaille une agence de communication. Je suis souvent invité à des cocktails, des soirées, des pots. De l’alcool mondain’, comme on dit, remarque le jeune cadre. Et c’est parfois difficile de dire non. D’autant que les collègues reviennent de vacances, et fêtent parfois les vœux avec des bouteilles ! » Pendant les 31 premiers jours de 2021, le trentenaire a ainsi réussi à ne pas boire et a appris à dire non ». Je peux refuser de boire sans avoir à me justifier ! », lance-t-il. Et il reconnaît que c’est difficile, car boire en France, c’est culturel ». Killian a réduit sa consommation d’alcool, et depuis, le Dry January pourrait devenir une de ses traditions. D’autres ont poussé le défi encore plus loin. Le mois sans alcool, je le faisais depuis quelque temps. Et l’année dernière, j’ai décidé d’arrêter. Complètement. », lâche Christelle. La quadragénaire, habitante de Mandeure, explique qu’elle buvait occasionnellement, les week-ends, ou alors en vacances ». Les apéritifs étaient ainsi associés aux moments de détente, de plaisir. Je n’ai jamais repris, jamais eu l’envie de reboire », explique-t-elle. Le vin et la bière ont été remplacés par des bières sans alcool. A Noël, j’ai essayé de boire un verre, et je n’avais plus aucun plaisir, plus le goût de l’alcool, confie-t-elle. J’étais limite écœurée. » Si ses proches ont pris cet arrêt pour une lubie, Christelle compte bien continuer. Continuer de trinquer, sans modération.
comment arrêter de vivre par procuration